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Si Michel de Nostredame est mieux connu pour ses talents exceptionnels de prophétie, sa carrière de médecin et d’apothicaire est tout aussi remarquable. Né à St-Rémi de Provence au sein d’une famille juive convertie au catholicisme, Nostradamus étudia tout d’abord le droit en Avignon où il s’intéressera très tôt à « l’art de médeciner » qui pour lui était la science suprême. Toutefois, en 1520, toutes les écoles de médecine ferment leurs portes alors que la Peste Noire fait des ravages partout en Europe. Nostradamus décide d’apprendre « la pharmaceutrie et la cognoissance des simples » de 1521 jusqu’en 1529 et ce n’est qu’en 1553 qu’il s’inscrit à l’Université de Médecine de Montpellier où il devient un spécialiste de la peste.

Sa renommée grandit alors grâce à un médicament contre la peste de sa concoction et qu’il a déjà expérimenté à Marseille, Aix-En-Provence et à Salon de Craux et il émet en 1545 un certificat médical pour des prisonniers soupçonnés d’infection. C’est aussi durant cette période que Nostradamus
publie son « Traité des Fardements et des Confitures » (1552) dont le titre exact est « L’excellent & moult utile opuscule à touts nécessaire, qui désirent avoir cognoissance de plusieures exquises receptes, divisé en deux parties ». On lui attribue aussi un « Traité contre la Peste » dont l’authenticité reste encore à démontrer.

Que retrouve-t-on dans ces traités? Essentiellement des recettes de poudres (fardements), de senteurs, de dentifrices « pour emblanchir les dentz, même ceux qui sont fort pourries et corrompues », des huiles essentielles, des crèmes de beauté et bien-sûr, quelques recettes de confitures.

Quant au « Traité contre la Peste », on y découvrirait une liste de consignes afin de ne pas être contaminé. Ainsi on nous conseille de fuir tout ce qui est putrécible, d’éviter l’odeur des charognes pourries et l’infection des eaux, de se laver les mains avec eau et vinaigre, de nettoyer et aérer les maisons avec de la « lexive » (lessive) et de l’eau courante et de fuir « l’aspiration des alaines (haleines) ». Enfin, on y recommande de ne pas s’auto-médicamenter « au risque de se faire malade » et plutôt d’avoir conseil de son médecin ».

En ces temps incertains de pandémie au Covid-19, il est fascinant de constater que le Traité des Fardements et des confitures de Nostradamus ainsi que le Traité contre la Peste qui lui est attribué, préconisent les mêmes consignes d’hygiène. Près de cinq siècles plus tard et malgré toute la science du XXIème siècle, nous en sommes ainsi à observer ces consignes : Observer la distanciation sociale, demeurer chez soi et se laver soigneusement les mains.

Ce qui ne nous empêche pas de se cuisiner les confitures selon les recettes de Nostradamus, pour les vitamines qu’elles contiennent et… pour la simple gourmandise. 😉

Sources :
– Jacqueline Allemand : Patrimoine médical : La médecine de Nostradamus,
Association des Amis du Patrimoine de Marseille, patrimoinemedical.univmed.fr
– Patrice Guinard : Corpus Nostradamus 32, cura.free.fr